Cet article présente la conception de Mario Pope, un jeu de rôle rapide pour 1 à 4 joueurs avec ou sans MJ, qui raconte la course entre candidats pour être nommé pape.
>> Vous pouvez récupérer ce jeu gratuitement en français et anglais sur itch.Io.
J’aime beaucoup regarder les Game Jams de jeu de rôle car on y trouve un concentré de talents, d’imagination et de créativité bien trop souvent absente des jeux de rôle professionnels (trop conventionnels – ça rime). Et comme en France on a de la chance d’avoir des grandes plages de jours fériés où ses clients ne travaillent pas, j’ai décidé en ce début de mois de mai de participer à une GameJam.
Et justement, voilà que Côme Martin (un créateur que j’aime beaucoup) en propose une sur le Pape, actualité oblige. Je vais donc me donner le défi de réaliser un jeu de rôle sur le Pape en 4 jours.
1- L’idée de Mario Pope
J’avoue avoir séché au début. J’avais initialement envie de faire un truc à base de manipulation et de discussions compliquées pour vivre de l’intérieur le Conclave. Mais ça me semblait trop cérébral et j’ai laissé tombé cette piste (et pourtant, un autre créateur, Alexandre Bujold a réussi ça avec Papatouille – Bravo à lui !).
Mais il fallait trouver une idée. Dans ce cas, quand je sèche, mon truc est de repartir du brief, et de le transformer en questions :
1- Qu’est ce que j’aime dans le JDR ?
–> J’aime les labyrinthes avec des épreuves. Ah oui, j’ai très envie de faire une sorte de dongeon.

2- Qu’est ce que j’aime dans le Pape ? Heu… Ou plutôt qu’est ce que je n’aime pas dans le Pape ?
–> Facile, je n’aime pas les gens qui se prennent au sérieux. Et autant dire que plus sérieux que le Vatican, y’a pas (je peux vous en parler, je suis un ancien enfant de chœur).
Un sérieux qui s’incarnerait dans le décorum, les objets du culte, dans le rite.
Si on rajoute à ça un dessin d’un Pape avec une tête de Mario, issus d’un de mes vieux carnets de notes, on aboutit à un mélange entre Mario Party, Dongeons & Dragons et Le Conclave.
Bon; l’idée est là, il n’y a plus qu’à lui donner une forme.
2- La conception de Mario Pope
La phase la plus facile, car elle consiste en poser des idées. Et des idées, j’en ai plein. Bon évidemment, c’est parti dans tous les sens, mais c’est le but de cette phase de conception : ne pas perdre d’énergie en concrétisant un maximum d’idées.

Mais alors qu’imaginer des épreuves pour le labyrinthe a été assez simple, concevoir un système de jeu de rôle de type « religieux » a été complexe.
Je me suis d’ailleurs bien planté dans la V1 en concevant une espèce de grille de l’âme (Foi x Pureté) qui permettait de visualiser les points en une seule matrice. Sur le papier le principe avait l’air hyper sympa, mais une fois testé il s’est avéré compliqué et lourd pour les joueurs débutants. Je l’ai donc abandonné au profit de classiques jauges de scores.


C’est d’ailleurs à ça que sert la conception, à virer ce qui ne fonctionne pas et ajuster ce qui fonctionne. Je peux remercier mon panel de test, de 10 à 52 ans qui a pu me permettre 1- d’améliorer ma conception et 2- vérifier que le jeu était pour tout public. Et c’est le cas. Ce jeu ne rend pas épileptique, mais amène à questionner certaines décisions de l’Église Catholique Romaine. Il est donc absolument sans danger pour les enfants mais déconseillé à certains adultes qui auraient des idées trop définitives sur le sujet. Il peut au contraire être utilisé comme support pour parler de ce sujet de la religion et des castes d’interpréteurs divins.
3- Les illustrations de Mario Pope
Le dessin de couverture – Mario en habit de Pape – a été assez facile à réaliser. J’aurai pu monter le niveau de « Nintendoisation » du dessin (du genre Yoshi sur la croix), mais j’ai préféré rester sobre.
En revanche, le dessin du labyrinthe a été une petite galère. Autant la conception avait été rapide, autant la réalisation a nécessité quantité d’allers-retours entre mon outil de conception (PPT) et mon outil de dessin (toshop). La faute aux textes ! Car le dessin devait s’adapter aux textes qui n’étaient pas terminés tout en étant correct d’un côté perspective isométrique. Argh !

J’ai donc bien passé 4h à modifier l’emplacement des plateformes pour que ça soit lisible, autant du côté des dessins que des textes.

Le résultat est correct. Mais je pense que je m’y prendrais complètement différemment si je devais refaire un labyrinthe comme ça (d’abord j’utiliserais un outil de dessin vectoriel).
4- Conclusion : what a pleasure !
Voilà, 4 jours après, les congés étaient terminées et j’avais un jeu dont j’étais assez fier. Bon, en réalité je n’arrive jamais à être content à 100% des trucs que je sors (le syndrome de la perfection), mais disons qu’il est pas mal pour un jeu fait en peu de temps.
Le premier bénéfice de ces Game Jams est avant tout d’améliorer ses techniques. Quel plaisir de bûcher sur un projet et de comprendre ensuite comment on aurait pu mieux faire. La montée en compétence est impressionnante (totalement l’inverse qu’en utilisant ChatGPT).
Et puis, les créatifs qui lisent cet article savent à quel point le Flow de la création est génial quand on est dans un projet qui se concrétise. Comme l’année dernière avec les aventures de Jean-Claude, je m’épanouis à créer des jeux qui donnent de la joie à mes proches (et surtout mon gamin).
Il est donc évident que j’en ferai d’autre et je vous engage d’ailleurs à faire de même. On ne peut pas perdre en participant à une Game Jam.
Bons jeux !