NovFut #33 • Censure et Science-Fiction

<Mon actu> Un mois très ludique de mon côté : j’ai été invité au festival Ze Next convention pour faire jouer aux aventures Jean Claude (un très gros succès – les gens raffolent de Jean Claude). Vivement la V2. J’ai aussi conçu en quelques jours un petit jeu hérétique rapide pour une game jam (Mario Pope). Et je développe actuellement un jeu très sérieux sur les biais de l’intelligence artificielle. Vous savez tout.</Mon actu>

Il y a quelques semaines, je vous ai demandé, à vous mes chers lecteurs préférés, quel serait le sujet du prochain sujet NovFut. Résultat du quiz : la censure dans la Science Fiction. Pauvre de vous !

Ceux qui me lisent depuis 30 ans (fanzines, webzines, sites, blogs) savent effectivement que la censure est l’un des sujets qui me touchent le plus. Aussi, en me concentrant uniquement sur la façon dont la SF traite le sujet de la censure – et pas de la censure de la SF – j’ai abouti à plus de 30 pages A4.
C’est bien trop. Je vais donc diviser ce sujet de la censure en 2 NovFut qui vous occuperont durant vos vacances.

Voilà le premier épisode. Bonne lecture !

La censure dans la Science-Fiction (1/2)

Censure ! Pour la plupart, un mot qui fait peur. Pour les autres, une façon de garder le pouvoir.

De l’examen fait au nom de Dieu (censura chrétienne), jusqu’à la censure politique “préventive” à partir du XVIIe siècle en France et Angleterre, on définit la censure comme un outil de baillonnage de la liberté d’expression par les pouvoirs en place, qu’ils soient religieux, étatiques ou privés.

L’épisode des Simpson en Chine supprimé de Disney+ Hong Kong en 2021. Narmol.

Mais cette censure peut prendre différentes formes, du tabou religieux, du contrôle et sélection de l’information jusqu’à peut-être la pire forme de censure : l’autocensure normalisée.

Ce sont ces différentes formes que je vous propose de scruter au prisme d’œuvre de science-fiction. Le tout sans retenue, avec un ton libre qui déplaira peut-être à certains lecteurs.

Alors d’avance, sachez que je ne m’en excuse pas. L’écriture aseptisée et autocensurée de ce siècle n’est pas mon truc. Dites-vous plutôt que si ça vous gratte l’occiput, c’est que ça vous a fait réfléchir à quelque chose de nouveau.

Et c’est bien à ça que sert NovFut.

Tabou

Le tabou est un interdit social lié au sacré, un  sujet qu’on ne doit pas évoquer sous peine de la colère des dieux.

A notre époque où certains sujets deviennent tabousdans les médias (la privatisation des médias par les milliardaires, l’âge de Brigitte Macron, le génocide des Palestiniens, etc.), il est intéressant de voir comment la notion de tabou a évoluée dans la littérature.

A l’origine, les anthropologues (blancs) du XVIe considéraient que le tabou était réservé aux cultures “inférieures”. La civilisation blanche étant évidemment au-delà de ces superstitions ridicules préférait aller à la messe.

Cette représentation du tabou s’est ainsi souvent retrouvée dans des contes et récits d’aventure et d’exploration avec une notion péjorative d’inférorité de ceux qui y croyaient (le blanc étant évidemment au-dessus de ça).

Uma, or The Beach of Falesa, Robert Louis Stevenson (gravure de Gordon Frederick Browne)

Claude Lévi-Strauss dans Race et Histoire (1952) va ainsi repose les bases d’une diversité / pluralité de cultures humaines en supprimant la notion de supériorité raciale. Un ouvrage qui a provoqué scandales et critiques à sa sortie forcément (et j’imagine qu’on ne le trouve pas dans la bibliothèque idéale de Trump).

Ainsi à partir des années 50, la notion d’interdit religieux est utilisée avec plus de subtilité dans les narrations. Dans Tembo Tabou (Franquin, Greg, Roba, 1960), si Spirou et Fantasio osent dévoiler les machinations des méchants à base de tabou, ce sont les pygmées, inspirés par leur courage, qui vont les sauver. Oui, c’est encore le blanc qui sauve le noir, mais on est tout de même très loin de Tintin au Congo.

Même aux États-Unis ça s’arrange. Dans les romans de space opéra de Jack Vance (le cycle de Tshaï et bien d’autres), les interdictions culturelles sont la plupart du temps l’occasion d’humilier des protagonistes « civilisés » orgueilleux qui, par dédain, gloriole ou suffisance, outrepassent un tabou d’une autre planète ou culture. Tant pis pour eux.

Et puis le tabou devient aussi un sujet de réflexion. Kirinyaga de Mike Resnick (1998) se déroule sur une planète terraformée où un homme essaie de préserver la culture africaine. Dans la nouvelle For I Have Touched the Sky, une jeune fille veut soigner un faucon mais se retrouve en opposition avec les traditions et la figure d’autorité du Sorcier du village. C’est l’occasion pour Resnick de montrer l’affrontement entre le progressisme et le tabou, la tradition.

Ainsi, le tabou dans la science-fiction est aujourd’hui plutôt utilisé comme un ressort narratif d’une manipulation d’un pouvoir dirigeant – sans notion de supériorité raciale quelconque.
Ce qui équivaut presque exactement à la définition de la censure.

La censure des livres

Les livres contiennent du savoir, des idées. Et les livres peuvent circuler. Un danger pour n’importe quelle autocratie. Le premier pas d’un gouvernement autoritaire va donc être de supprimer ces livres.

La première fois que j’ai vu un autodafé, c’était dans Indiana Jones et la dernière croisade. Quand Indy retourne à Berlin et voit la population brûler des livres interdits. Il récupérera à l’occasion une dédicace d’Hitler sur le carnet de son père. J’avais été choqué par l’acte même de l’autodafé. Comment des gens pouvaient-ils faire ça ?

Une bande d’abrutis

La deuxième fois où j’ai été choqué c’est quand j’ai appris qu’il y avait eu un autodafé de disques de DISCO en 1979 aux Etats-Unis (la Disco Demolition Night). Car c’était une musique sexuelle, de noirs et d’homos. Bref, ce n’était certainement pas une musique de blancs puritain au contraire du hard rock.

Un abruti tout seul

La troisième fois où j’ai été choqué c’est quand Trump a commencé son nettoyage des bibliothèques. Non pas parce qu’il prouvait que c’était un autocrate, mais parce que j’ai découvert que les fameux book bans (cf NovFut #32) étaient bien antérieur à son arrivée au pouvoir. Car la censure des livres existe depuis longtemps aux USA, land of freedom.

Un chef d’abrutis

Ces 3 exemples m’ont touché car il s’agit de détruire ou d’empêcher de circuler les supports de la connaissance ou de l’art : livres, disques, peintures, objets, … Ma hantise personnelle.

C’est un chouette boulot. Le lundi brûle Millay, le mercredi Whiteman, le vendredi Faulkner, réduis-les en cendres, et puis brûle les cendres. C’est notre slogan officiel.
Fahrenheit 451 – Ray Bradbury

J’ai lu ce livre étant très jeune et il semble être à l’origine de ma haine farouche contre toutes formes de censure. Fahrenheit 451 (Ray Bradbury, 1955) suit l’histoire de Guy Montag, pompier du futur, qui a pour tâche de détruire les produits illégaux, notamment les livres.
Montag ne se pose aucune question dans sa vie bien réglée – ou plutôt entièrement contrôlée dans cette société totalitaire – jusqu’au jour où il voit une femme préférer brûler avec ses livres. Il va commencer alors à se poser des questions sur ces drôles d’objets et ce qu’il y a dedans.

L’adaptation en Graphic Novel (Tim Hamilton Erica Robyn Reads)

”Il doit y avoir quelque chose dans les livres, des choses que nous ne pouvons pas imaginer, pour amener une femme à rester dans une maison en flammes oui, il doit y avoir quelque chose.”
Fahrenheit 451 Ray Bradbury

Écrit en plein maccarthysme (l’époque Américaine de la chasse aux sorcières russes), ce roman est une exagération de la réalité des années 50 aux USA : d’un côté, les “bons” américains, heureux, béats, abrutis par la radio contrôlée par l’Etat (dans son roman Bradbury y substitue les “télécrans muraux”), de l’autre, les dangereux comies, qui vont subir la censure et les violences de cet État.
La censure des livres est appliquée concomitamment à du lavage de cerveau, ou plutôt de la débilisation organisée. Ainsi les femmes se mettent des “coquillages” dans les oreilles, des radios qui diffusent “un océan électronique de bruits, de musique et de paroles battant sans cesse le rivage de [leur] esprit”. Ça me rappelle les voyageurs la dernière fois que j’ai pris le métro.

Le pire est peut-être que cette censure est effectuée pour des raisons de bien commun. Car les noirs pourraient ne pas aimer Little Black Sambo (Helen Bannerman) alors Brûlons-le. La Case de l’Oncle Tom (Harriet Beecher Stowe) met les Blancs mal à l’aise alors brûlons-la. “A la porte, les querelles. Ou mieux encore, dans l’incinérateur ! », clame le chef des pompiers.

L’adaptation en film de 2018 – évitable

Mais la résistance s’organise. Montag rencontre des “hommes-livres”, des vagabonds qui retiennent des livres par cœur. Des archivistes mobiles en révolte contre la société pour conserver une part de l’humanité, de la poésie, du savoir. A la fin de Farenheit, la ville explose. Sans savoirs, point de salut.

“Il y avait toujours une minorité effrayée par quelque chose, et une grande majorité effrayée par le noir, effrayée par l’avenir, effrayée par le passé, effrayée par le présent, effrayée par elle-même et l’ombre d’elle-même.” – Ray Bradbury, Fahrenheit 451

Dans le Nom de la Rose (Il nome della rosa, Umberto Eco, 1980) l’ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville enquête dans une abbaye bénédictine. Il découvre que le moine Jorge de Burgos (oui, c’est bien une référence à Borges) veut cacher aux yeux du monde le second tome de la Poétique d’Aristote sur la comédie. Car le monde n’est pas prêt à rire.

La bibliothèque de l’abbaye est l’anti-bibliothèque par excellence qu’Umberto Eco appelle la bibliothèque cauchemardesque dans son essai De biblioteca.
En effet, tout y est construit pour que les livres ne circulent pas et ne soient pas consultés : il n’existe qu’un seul exemplaire des livres et le registre – mal foutu – nécessite de demander l’aide du bibliothécaire. Une bibliothèque qui favorise la censure plutôt que la circulation.

La fin du roman est intéressante, car c’est la volonté de dissimuler le livre d’Aristote au plus grand nombre qui va déclencher la destruction finale de la bibliothèque. Car pour Umberto Eco, la censure n’amène que la destruction définitive des livres que la bibliothèque aurait dû protéger et diffuser.

Une femme sans histoire (The Quiet Woman, Christopher Priest, 1990) raconte la censure d’un livre avant même sa publication dans une société futuriste proche (near futur) tel qu’on pouvait l’imaginer dans les années 90 (e-mails, accident nucléaire et monde numérisé où l’on peut modifier vos données personnelles, votre histoire en quelques clics).
Un livre à l’atmosphère étrange assez lourde qui doit certainement rappeler aux anglais les années Thatcher et aux français la censure du livre sur Cecilia Sarkozy par son président d’ex-mari en 2005.

Plus ironique est la nouvelle Ado de Connie Willis (1988), dans laquelle un professeur décide de faire étudier Shakespeare à ses étudiants. Le problème étant d’expurger de l’œuvre de William S., tout ce qui pourrait agacer les différents groupes de pression (the Royal Society for the restoration of Divine Right of Kings, the Angry Women’s Alliance, the American Bar Association, the Morticians International). Bref de faire de la de censure politiquement correcte jusqu’à l’absurde.

Vous aurez peut-être repéré le « Ado », de Much Ado About Nothing (Beaucoup de bruit pour rien) qui est l’une de mes pièces préférées de Shakespeare.

Mais alors, si on aime tellement les livres et les bibliothèques, pourquoi ne pas les protéger ? Avec des flingues ?

C’est le propos du manga Library Wars (図書館戦争) de Toshokan Sensō (2006 pour le manga, 2012 pour l’anime, 2013 pour le live action), qui nous raconte comment une organisation paramilitaire, le corps des bibliothécaires (library defense force), chargé de protéger les livres, s’oppose au comité “d’amélioration des médias” qui au contraire les censure à grands coups de lance-flamme.
Les deux organisations vont s’affronter mortellement dans un japon contemporain dont la démocratie aux mains de politiques opportunistes se divise sur le sujet de la liberté d’expression.

« Là où l’on brûle les livres, on finit par brûler des hommes »,
Heinrich Heine (repris dans Library Wars)

Les deux Library Wars en live action sont disponibles sur Internet Archive. En voilà un site d’archivistes partageurs. Et si vous voulez une étude complète de Library wars c’est là.

La censure des mots

D’abord on supprime la mémoire en brûlant les livres. Puis, on change le sens des mots pour réécrire la façon dont la société pense.

Les mots sont les supports de la compréhension.
V pour VendettaAlan Moore

En 1951, Georges Orwell écrit 1984, toujours d’actualité malgré ses 75 ans.
Dans 1984, le Parti, régime totalitaire, utilise la propagande, la surveillance (la “Police de la Pensée”) pour contrôler tous les aspects de la vie des citoyens, leurs connaissances et leurs croyances.
Grâce à la Novlangue, le Parti réduit le vocabulaire et élimine les nuances de la pensée pour empêcher toute rébellion cognitive. Ainsi le terme « doublepensée » permet d’accepter les contradictions alors que “libre” n’existe que dans un contexte négatif.

La très bonne adaptation de Michael Radford (1984)

Dans le Meilleur des mondes (Aldous Huxley, 1932), le gouvernement utilise un langage aseptisé où toutes les réalités désagréables sont cachées sous des termes plaisants. Ainsi on ne dit pas mort mais “termination”. Et les émotions sont canalisées par des slogans comme “Tout le monde est heureux aujourd’hui”.

Leonard Nimoy dans Brave New World (1998) – lisez plutôt le livre

Ce processus d’atténuation est le même que quand on utilise ainés / seniors à la place de vieux, plans sociaux à la place de plan de licenciement, collaborateur à la place de salarié, espace végétalisé au lieu de jardin, ou encore réchauffement climatique à la place de destruction de l’environnement. Ça permet d’éviter de gêner, de brusquer. D’ailleurs il est fait pour le bien de tout le monde (en tous les cas des lecteurs du Larousse). Un peu comme dans le meilleur des mondes.

Je reparlerais dans le prochain NovFut de Sensibilités de Tania de Montaigne (2023) qui aborde ce sujet de l’atténuation jusqu’à la censure.

La Congresswoman Eleanor Holmes Norton voulant supprimer le mot « retarded » du D.C. Code.
Ce qui, à mon avis, ne changera rien au traitement réel des handicapés.

Dans la zone du dehors d’Alain Damasio (2007), véritable roman anarchiste, la société panoptique surveille et bannis des mots comme “révolution” pour que ça ne donne pas des idées aux gens. Alors que dans la dystopie phallocratique de The Handmaid’s Tale » (La Servante écarlate Margaret Atwood 1985), le mot femme est renommé “servante” et qu’un vocabulaire religieux est mis en place pour banaliser leur oppression.

Cette idée du langage comme outil de contrôle absolu est centrale dans Babel 17 (Samuel R. Delany, 1966) où une race extraterrestre utilise une arme linguistique : le babel 17 qui reprogramme le cerveau de ceux qui l’apprennent en abolissant la notion du “moi”. Ceux-ci deviennent persuadés que tout ce que dit cette langue est juste, et deviennent alors des traitres sans scrupules. Seule Rydra Wong une poétesse, très douée dans l’apprentissage des langues, pourra sauver la terre. Une belle analogie sur le pouvoir sauveur de la poésie.
A travers ce roman, Delany défend l’idée du moi comme moteur de l’amélioration personnelle et du remords. Ainsi, sans “moi”, pas de scrupules possibles. Intéressant.

Le formidable La guerre éternelle (The Forever War, Joe Haldeman, 1974), raconte le quotidien d’un soldat amené à combattre à l’autre bout de la galaxie et qui passe son temps à subir des sauts temporels qui lui font redécouvrir les immenses changements sociétaux de la Terre à chaque fois.
Évidemment, le pouvoir militaire utilise de la propagande et censure pour glorifier leur guerre, mais l’intérêt du livre est surtout dans le décalage linguistique que subit le protagoniste à chaque fois qu’il revient sur terre à cause de l’évolution du langage et des mœurs.

La guerre éternelle en BD (Marvano, Bruno Marchand)

Ainsi le terme péjoratif “gay” (dans les 70s) change de sens pour signifier “heureux” jusqu’à ce que l’homosexualité devienne courante dans la société au grand dam des vieux militaires. Pour eux, un mot veut dire son contraire le jour suivant à cause de la propagande de l’armée mais aussi de l’évolution de la société dans son ensemble. J’adore ce roman pour cette vision long terme qui nous fait prendre conscience de la relativité, du recul et de l’humour avec lesquels nous devrions traiter le sujet du langage.

Pour terminer sur la censure des mots, je ne peux pas citer le formidable (si, si, j’adore) Demolition man (Marco Brambilla, 1993). Ce film très drôle nous raconte l’épopée de John Spartan (Sly Stallone), super flic des années 90, congelé et réveillé en 2036 pour s’occuper d’un super méchant (Wesley Snipes).
Mais 2036 est bien différent des années 90. La société, dirigée par un business man startupeur (encore un !), est devenue très « paternaliste » et contrôle tous les aspects de l’individu : de l’interdiction du chocolat aux lois anti-tabac en passant par le contrôle de la langue (les gros mots infligent une amende) jusqu’à l’arrêt des pratiques sexuels IRL (oui c’est très contemporain).
Évidemment Spartan va avoir du mal à réfréner son vocabulaire de flic du 20e siècle, se prendre beaucoup d’amende et faire beaucoup de tricot (si si).

“Bad language, chocolate, gasoline, uneducational toys and anything spicy. Abortion is also illegal, but then again so is pregnancy if you don’t have a licence.”
Lenina Huxley (Sandra Bullock) dans Demolition Man

En dehors de sa forme très divertissante, je me suis toujours posé la question du message politique de ce film.
Il nous montre en effet une société plutôt réactionnaire aux libertés réduites (donc de droite), combattue par des anarchistes (donc de gauche) qui veulent la liberté à la fois de s’instruire (de gauche on va dire), mais aussi de consommer n’importe comment (du populisme, de droite ?). Tout en condamnant le principe de la censure des mots (gauche ?) et des armes à feu (droite ?).
Bref, c’est un film bourré de contradictions politiques qui en fait donc une œuvre indispensable.

Parce que j’aime penser, j’aime lire. Je suis pour la liberté d’expression et la liberté de choix. Je suis le genre de type qui veut s’asseoir dans un fast-food et se dire : “Bon sang, est-ce que je dois prendre le steak d’aloyau ou la grosse côte de bœuf au barbecue avec des frites au jus de viande ?
Le révolutionnaire Friendly (Leary) – Demolition Man

Censure ou communication unilatérale, quelle différence ?

Si la première arme d’un état autoritaire est la censure, la deuxième est certainement sa main mise sur la communication. L’interdiction à vos citoyens de réfléchir dans un sens est plus facile quand vous concentrez leur attention vers autres chose.

On retrouve ce principe dans 1984 avec les télé-écrans qui diffusent en permanence des messages du Parti. On le retrouve également dans le formidable comics V for Vendetta de Alan Moore (1982-90) (cf NovFut sur le fascisme).

Norsefire vous informe – V for Vendetta (le film d’Aleksey Busygin, 2005)

Dans ce comic-book, l’Angleterre est dirigée par le parti fasciste Norsefire qui utilise la surveillance (l’Oeil et l’Oreille), la peur (la Main), la police criminelle (le Nez) et la communication-propagande (la Voix) pour contrôler la population.
La Voix contrôle ainsi toutes les radios et télévisions du pays qui sont censurées et doivent glorifier le régime en place.

Ce comics anglais écrit durant l’ère Thatcherienne met en évidence les glissements progressifs des droits humains face à une dictature qui prend le pouvoir. A la fin, la population n’a d’autre moyen que de croire en ce que le gouvernement lui dit. Et le gouvernement n’est pas bienveillant.

Même idée dans La Cité des permutants (Greg Egan, 1994) où une IA contrôle la perception de la réalité ou encore L’Anneau-Monde » (Niven, 1970) où les Puppeteers manipulent l’info pour dominer l’humanité.

Bref, méfiez-vous de la sur-représentation d’un état dans sa communication, c’est souvent un signe annonciateur qu’on veut vous censurer quelque chose.


Voilà, ce premier numéro de NovFut sur la censure est terminé et je n’ai même pas encore mis de citation de Hannah Arendt. J’espère tout de même que vous avez aimé et que ça vous a gratté. Le prochain numéro concernera la censure des émotions et l’auto-censure. Des sujets hautement contemporains et polémiques.
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D’ailleurs merci infiniment aux premiers à avoir pris un abonnement payant. Je tiens à garder cette NL gratuite, mais c’est grâce à vous que je m’applique un peu plus. Donc encre merci ! Et en attendant le prochain numéro, lisez de la bonne SF.

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