Réglementation, poil au menton, réglementation de l’IA, poil aux doigts

Le gouvernement français a toujours été prompt à protéger les artistes français dont il cache mal son amour débordant d’une fierté patriarcale contre les méchants voleurs de contenus.

Rappelez-vous les immenses campagnes contre le “piratage” des DVD. Avant de regarder votre film que vous aviez acheté en toute légalité, vous subissiez 15 minutes de spots publicitaires où Ariel Wizman vous expliquait à quel point c’était mal de copier un DVD ou même de le regarder dans un cadre non familial. C’était plus que mal, c’était un crime. Car vous enleviez le pain de la bouche à de pauvres artistes français qui suaient sang et eau pour vivre de leur art. Et ça ne changeait rien si vous piratiez un film américain, dans tous les cas vous faisiez mal à la France.

Honte à vous pirates !

Quelques années après, Zarkosi lançait Hadopi à grands coups de millions d’euros.
Une grande campagne d’interdiction des plateformes de peer to peer basé sur un slogan qui disait en substance : “partager, c’est le mal !”. Résultat, des millions d’euros dépensés et des centaines de lettres envoyées (pour, quoi, 10 condamnations en 15 ans ?). Mais surtout la mise en place d’un arsenal de surveillance de vos connexions internet (ce qui était en réalité le but initial).
Mais il était primordial pour la France d’aider les pauvres artistes dont le travail d’une vie était volé par des seeders sans scrupules. Des affreux pirates risquaient en effet de diffuser gratuitement les Bronzés 3 partout dans le monde sans rien verser à Christian Clavier (pote de Zarkosi). En bref, tout le contraire du principe du ruissellement.

Honte à vous pirates !

Et nous voilà en 2025. Les Gafam (ou plutôt les magnificent 7 tels qu’on les appelle aujourd’hui) ont passé les 20 dernières années à voler les données privées des français mais aussi le travail des artistes de toutes les nationalités (de Miyazaki à Claudine qui fait des crobards sur les réseaux). Musiques, dessins, peintures, textes, tout est passé dans la moulinettes de réseaux d’apprentissages automatisés et est maintenant prêt à être recraché, mashupé à travers l’intelligence artificielle générative. Et les artistes n’ont rien eu.

Et là, étrangement, le gouvernement français ne fait plus rien… Il faut dire que ce n’est pas simple. Il faudrait prendre des risques. Allez voter contre des gens puissants, qu’on a souvent invité à l’Elysée, qu’on a même décoré (en douce) de la légion d’honneur. Non, il ne faut pas se fâcher avec ces gens là.

Alors le gouvernement français ne fait rien. Et tant pis pour les artistes. Ils n’avaient qu’à se faire pirates.

PS: je suis en train de terminer une grosse présentation sur les enjeux de l’IA, et forcément, je parle du sujet de la réglementation, du droit d’auteur, mais aussi de la position de la France face aux magnificent 7. Et forcément, ça m’a inspiré ce petit billet d’humeur. Il fallait que ça sorte.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *